Concerto pour clarinette et ensemble – Elliott Carter, 1996
Cette œuvre foisonnante fait une place étonnante à un signe minimal : dans quelques moments de silence, lorsque l’ensemble seul occupe l’espace musical, le soliste se déplace simplement d’un groupe instrumental à un autre. Dans l’attention au développement musical, on peut le perdre de vue ; auquel cas son retour dans l’œuvre musicale se double d’une prise de conscience de son changement de lieu, et d’un curieux rappel de l’espace plastique du concert, du corps du soliste. C’est ce bref moment de disjonction entre plastique et musical qui m’intéresse ici.
Un écho récent (peut-être accidentel ?) dans Unfolding, pour quatuor à cordes et électronique de Francesca Verunelli (2012) : chaque geste du quatuor, malgré son efficacité musicale directe, semblait souligner sa simplicité corporelle. Particulièrement les coups de pédale commandant le dispositif électronique. Les notes de programme n’en parlent pourtant pas. Est-ce pour laisser indécidable l’existence dans l’œuvre de cette simplicité, ou parce que rien de tel n’avait été visé par la compositrice ? Hasard circonstanciel, fantaisie contingente du spectateur, ou part véritable de l’œuvre ?