Scholie à la proposition 2 – 1/ Exemple d’une influence interdisciplinaire
(sommaire) (précédent) (suivant)
Dans une logique classique, chaque atome logique est utilisable à l’infini : si on a A, on pourra utiliser la règle A => B autant de fois que nécessaire. En logique linéaire, au contraire, l’implication consomme sa prémisse : utiliser A -> B détruit un A pour produire un B.
Jean-Yves Girard donne de ce découpage une interprétation en terme d’opposition « Imparfait vs Parfait » : voir la partie portant ce titre dans son exposé du 20 décembre 2004 La logique aujourd’hui…
Il s’agit, au départ, d’une distinction linguistique, celle entre «Je parle italien» (sous-entendu : toujours) et « Berlusconi parle à la télévision » (sous-entendu : une seule fois, peut être la seule !). Cette distinction est reflétée par la conjugaison (imparfait vs. passé simple ou composé), voire le changement de verbe dans les langues slaves (imperfectif vs. perfectif).
Nouvelle possibilité dans le monde logique : les vérités linéaires ne sont plus éternelles. Le narrateur de « Selon », quant à lui, exprime justement au parfait des généralités, faits avérés, universaux, abstractions ou atemporels. Citons un court extrait de la fin :
La surface désigna la couche superficielle d’un objet généralement. Au contraire du mythe, le miracle qui s’était répété n’était plus une singularité mais une loi statistique. Tout ne fut pas éclairé par la lune, laquelle eut été introuvable dans le ciel nocturne en cette phase. Quatre-vingts mottes depuis le coin avaient déterminé, approximativement, une partie ; et la feuille du marronnier fut de forme longue, l’une d’elles tombait non loin.
Une surface, ce fut la couche superficielle d’un objet. Influence directe de l’implication en logique linéaire sur ce travail littéraire : l’écriture de « Selon » a d’ailleurs été contemporaine de ma découverte des travaux de Jean-Yves Girard.