(sommaire) (précédent) (suivant)
Ce qui précédait analysait un équilibre fragile, formidable, paradoxal entre une ligne et un cadre, sur un point. Une sensation qu’il serait hasardeux d’ignorer. À ce point, pour toute personne qui éprouverait cette sensation, j’osais espérer que la notion d’obstacle s’éclaircirait.
En effet, cette sensation singulière inscrite dans le dispositif plastique de Lignes 1 est un défi lancé à toute pratique –pas seulement aux arts plastiques ; elle révèle d’ailleurs une difficulté pour l’écriture : les moyens sont différents de ceux de cette dernière ; les cadres permettent quelque chose de plus, un rapport au corps et aux lieux que l’écriture traditionnelle ne permet pas ; mettant à jour une sorte de jalousie, d’envie de l’écrivain qui ne dispose pas des mêmes instruments. Ces affects peuvent être moteurs, pourtant.
Certes, nulle loi n’interdit à notre écrivain de s’approprier les moyens plastiques. Il se mettra à hauteur en changeant d’outils. Il pourra bien créer une œuvre qui se placerait dans la généalogie de Lignes 1.
Il semble néanmoins que le changement d’outils a des effets secondaires. Certains territoires, que l’écriture parvient parfois à occuper, sont eux-mêmes difficilement accessibles par des moyens plastiques. Le texte long, par exemple.
On peut soutenir que cela est un symptôme de l’obsolescence d’un genre : pourquoi un texte long dans un monde où Muriel Leray, Lawrence Weiner, Joseph Kosuth, Peter Downsbrough existent ? mais je préfère y lire un challenge. L’œuvre littéraire peut-elle, par des moyens propres, se mettre à la hauteur de la sensation plastique ? Faire face ?
J’essayerai, dans cette conclusion, d’y voir plus clair, pour proposer une piste et lancer un nouveau projet.