JEROME GUITTON – LECTURES DANS LA SOLITUDE DE L'ECRITURE

1500 Musulmans

Filed under: informations — jeromegu @ 07:53

Muriel Leray expose cette œuvre du 29 avril au 1er mai 2011 au kanal20-atelier (20 bd Barthélémy 1000 Bruxelles, Belgique). Une occasion de se confronter à cette pièce dont le texte est identique à Lignes 1, au sujet de laquelle j’ai commencé une analyse sur ce site.

Nouvel extrait: « Trois »

Filed under: informations — jeromegu @ 07:45

Nouvelle, disponible ici.

LA GALERIE DU CROUS DE PARIS | TRAVAILLE AVEC

Filed under: informations — jeromegu @ 07:43

Collaboration avec Muriel Leray
www.muriel-leray.info

EXPOSITION du 19 au 30 avril 2011
VERNISSAGE le 21 avril de 18h à 21h

LA GALERIE DU CROUS DE PARIS
11, rue des Beaux-Arts | 75006 Paris
01 43 54 10 99 | galerie@crous-paris.fr
Odéon | St-Germain-des-Prés | Mabillon
du lundi au samedi | de 11h à 19h

Les chiens noirs de la prose – Jean-Marie Gleize, 1999

Filed under: moments — jeromegu @ 07:19

Un contre-chant, ça ne s’improvise pas –

incapable d’une seule phrase vraiment nette qui se tienne debout, tout en courant. La question est là, celle qui peut se rassembler dans les mots : «droite en courant». Un  désir de prose. Je me souviens de toi, de tes yeux fixes, de cette lettre de juin 1852, le 13 juin, tu lui disais ce que tu aimes, ce genre de phrase, et cette impuissance, cette folie de vouloir. Depuis, on continue. L’herbe pousse. Le goudron se répand sur le sol. Les murs sont de plus en plus hauts. Les ravins de plus en plus creux. On continue, je continue, je nage dans le courant, de plus en plus vite. On continue. Il faut continuer, les falaises sont à pic. Rien à faire, pas moyen de toucher les bords. Foncer dans les couloirs, les tunnels, le lit du torrent, jusqu’où

En quelques minutes le chien a changé de couleur.

Pendant tout le reste de l’histoire, un corps brûle. Je suis dans la pièce ici, chambre d’hôtel, quelques mètres carrés de chaleur humide et d’images, au rythme des paupières, tension artérielle et le reste. «Un corps brûle à vie.» Ou bien : «Naître encore.» Ou bien : «J’ai mangé un poisson de source». Ou bien «Je connais cet endroit». Je ne sais pas laquelle est la vraie. Les lauriers sont coupés, rasés, pourris. Je cherche un lieu de naissance.

Le chien ouvre la bouche.

(more…)

Mrs Dalloway – Virginia Woolf, 1925

Filed under: moments — jeromegu @ 06:58

Mon moment se situera ici juste après le passage de la voiture aux rideaux tirés et sera, rétrospectivement, ce passage même.

Il semble, dès que l’on entame la suite, que ce passage se distingue du reste du roman ; échappant, fugitivement, à son organisation systématique.

Éloge de la complexité – François Nicolas, revue Entretemps (n° 3, 1987)

Filed under: obstacles — jeromegu @ 06:45

Sur le compositeur contemporain Ferneyhough :

http://www.entretemps.asso.fr/Nicolas/TextesNic/Ferneyhough.html

Sur Lignes – 2.2/ Texte – “coup” rythmiquement en position d’exception

Filed under: analyses — jeromegu @ 06:34

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L’analyse rythmique n’est ici qu’un outil ; elle permet de montrer un aspect de la singularité du mot coup dans la phrase considérée :

  1. Quasiment toutes les positions sont marquées. On trouve même une succession de 8 accents sur (en)tre mille cinq cents musulmans qui pourrait même être étendu à 10 si l’on comptait le “e” de “de visiter” pour muet.
  2. Par ailleurs, pourquoi n’a-t-on pas compté ce e pour muet ? Pour conserver son assonance avec le “e” de l’autre monosyllabe du vers (me). Ce qui permet d’introduire la deuxième propriété remarquable de ce vers : l’importance des séries vocaliques : paires de i, u, in, an, é, e ; seules deux syllabes du vers échappent à cette loi.
  3. Troisième propriété du vers, en symétrie de la précédente : l’abondance des séries consonantiques (d’abord en m ; puis en t ou tr, s, z, l). Ici encore, seules deux syllabes échappent à ce couplage.
  4. En conséquence de cette surcharge prosodique, on est frappé par le couplage très fort de certains groupes : mille cinq cents et musulmans en particulier, qui on en commun des m de début de syllabe, des l terminant ; l’inertie prosodique tend même à y coupler s et z. Même chose pour musulmans et visiter (usu/isi) ; musulmans et mètre me
Dans ce contexte, coup se singularise-t-il ? Si on reprend chaque propriété :
  1. coup est marqué rythmiquement (finale de groupe rythmique) ;
  2. le phonème vocalique ou n’apparaît nulle part ailleurs dans le vers ;
  3. le phonème consonantique k n’apparaît nulle part ailleurs dans le vers ;
  4. en conséquence, coup n’apparaît dans aucun couplage prosodique ;
on pourrait éventuellement relever un couplage graphique entre me coup et mille cinq, par les signes consonnes m et c… mais ce serait oublier que mille cinq cents n’est pas écrit en toutes lettres dans l’oeuvre elle-même. C’est 1500 que nous lisons. Donc, de toutes les propriétés rythmiques du vers, seule une (le marquage rythmique) est conservée dans coup. Voilà qui nous rassure : ce mot est objectivement en position d’exception.

Sur Lignes – 2.1/ Texte – analyse rythmique

Filed under: analyses — jeromegu @ 18:03

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Cette analyse prend appui sur les notations proposées par Gérard Dessons et Henri Meschonnic dans leur Traité du rythme – des vers et des proses (Editions Armand Colin).

  • Le vers se divise en quatre groupes rythmiques : et entre 1500 musulmans, de visiter, un mètre, me coup. coup prend ici valeur de verbe, puisqu’il suit le pronom personnel me.
  • Le e de mètre est compté pour muet, car il est en fin de groupe ; donc mètre ne compte que pour une syllabe. Au contraire, les e de me et de entre doivent être prononcés, sans quoi trois phonèmes consonantiques se suivraient. Pas d’impossibilité de ce type pour mille, on le compte pour muet, d’autant plus que ce e n’est pas écrit dans l’oeuvre elle-même (1500). Quant à de, il pourrait être compté pour muet ; il semble plus juste de le considérer comme prononcé, en raison de son assonance avec me.
  • Les dernières syllabes des groupes rythmiques (mans, ter, mètre, coup) sont accentuées ; cet accent est noté par un trait horizontal au-dessus de la syllabe.
  • Lorsque le groupe rythmique commence par un phonème consonantique, ce phonème porte un accent prosodique ; ainsi, de et me sont accentuées. Cet accent est noté par un trait vertical au-dessus de la syllabe.
  • La répétition des consonnes ouvrantes est accentuante : ainsi, tre, mille, cinq, cents, mu, sul, mans, si, ter, mètre, me. On note cet accent prosodique en traçant, en dessous du vers, des lignes reliant les phonèmes répétés.
  • Enfin, les syllabes inaccentuées (et, en, vi) sont notées par un croissant horizontal.

On note les séries accentuelles en numérotant les syllabes accentuées successives.

Sur Lignes – 1/ Introduction

Filed under: analyses — jeromegu @ 17:39

Deux mots, à peine, avant d’entrer dans le vif du sujet. La question sera : qu’est-ce qu’une œuvre comme Lignes 1 peut apporter à l’écrivain ? Comment celui-ci peut-il en faire un outil de travail ?

On soutiendra que cette œuvre peut, au moins, indexer un manque. En tant que spectateur de cette œuvre, j’y trouve des sensations ; si je poussais l’analyse suffisamment profondément, je trouverais au moins une suffisamment spécifique pour que l’écriture n’ait pas été (encore ?) à même de la produire. J’aurai donc trouvé  un obstacle à ma pratique. Celui-ci pourra-t-il être franchi ? Seules les œuvres répondront.

Dans cette  première œuvre de Muriel Leray, le dernier mot frappe :  coup.  Et ce mot semble être le théâtre d’un retournement : il semble, s’il faut en dire plus, que le spectateur y donne le dernier coup de poignet. Je partirai de cette sensation. Je m’en rapprocherai par les deux bords : par le texte, passant par une analyse rythmique ; puis par le cadre. La synthèse sera l’occasion d’affiner la vue sur l’obstacle et d’en tirer quelques leçons.

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