La Nuit Remue – Henri Michaux, 1935
Premières pages de son deuxième grand recueil (après Plume –précédé de Lointain Intérieur). Je localiserai mon moment rare dans le saut de ligne entre le troisième et le quatrième paragraphe :
Tout à coup, le carreau dans la chambre paisible montre une tache.
L’édredon à ce moment a un cri, un cri et un sursaut ; ensuite le sang coule. Les draps s’humectent, tout se mouille.
L’armoire s’ouvre violemment ; un mort en sort et s’abat. Certes, cela n’est pas réjouissant.
Mais c’est un plaisir que de frapper une belette. Bien, ensuite il faut la clouer sur un piano. Il le faut absolument. Après on s’en va. On peut aussi la clouer sur un vase. Mais c’est difficile. Le vase n’y résiste pas. C’est difficile. C’est dommage.
Un battant accable l’autre et ne le lâche plus. La porte de l’armoire s’est refermée.
On s’enfuit alors, on est des milliers à s’enfuir. De tous côtés, à la nage ; on était donc si nombreux ! Étoile de corps blancs, qui toujours rayonne, rayonne…