Analyses
Qu’il fallût commencer par la sensation, on n’aurait pu le nier : c’est le réel de l’œuvre. Ainsi on devra, de prime abord, montrer du doigt. Ce geste restera insatisfaisant, toutefois.
Car ce geste est récupérable par le mystique –celui qui montre du doigt un lieu où il ne se passe rien, y fait fiction d’une action. Il y a bien une faiblesse irréductible à la simple indication de la sensation ; et même la description métaphorique, qui tenterait d’évoquer ce que l’on y sent, n’est pas à l’abri d’un tel soupçon.
Si la sensation est première, plus “vraie” que l’analyse de l’œuvre, il faut bien se défendre de l’accusation de mysticisme. Il serait coupable, par le silence, de légitimer les critiques nihilistes (celles pour qui il ne se passe rien et il ne peut rien se passer de plus que la logique générale de l’œuvre). Ce sont les accusations d’esbroufe qu’il faut mettre à mal ; pour cela, des outils faibles, comme la métaphore, sont insuffisants.
Le premier geste sera donc de chercher la trace de tout moment ou obstacle dans l’objectivité de l’œuvre. Cela pourra aussi entamer un dépassement du moment par la pratique : la création d’une nouvelle œuvre, fidèle aux frissons qui ont lancé le mouvement.